Les transformations des
systèmes financiers dépendent fortement des formes prises par l’épargne des
ménages. Or le régime de basse inflation couplé aux évolutions démographiques
dans les pays industrialisés a profondément modifié les formes prises par
l’épargne, et cette tendance va aller en s’accentuant. En effet, le
vieillissement des populations en Europe et plus généralement dans le monde
industriel suscite des motivations d’épargne liées au cycle de vie, ce qui
favorise l’épargne financière à visée longue. Un comportement patrimonial
d’augmentation de la richesse des ménages par rapport à leur revenu est donc
prévisible [Aglietta, 20011. Or celui-ci transforme les formes de l’épargne,
les investisseurs institutionnels (intermédiaires financiers non bancaires)
recevant une proportion de plus en plus importante de l’épargne des pays
industriels.
Les principaux investisseurs
institutionnels sont les sociétés d’investissement, les fonds de pension et les
compagnies d’assurance. Les sociétés d’investissement sont des organismes de
gestion de portefeuille investis en titres (titres du marché monétaire,
obligations ou actions). Leurs caractéristiques varient selon les pays et les
types de placement effectués. Les mutual funds américains et les OPCVM (SICAV
et FCP français) se classent dans cette catégorie.
Les fonds de pension ont pour
vocation de financer les retraites. Ils collectent les contributions des
bénéficiaires ou des commanditaires (entreprises ou syndicats) et les placent
afin d’assurer les droits acquis par les bénéficiaires. Leur poids parmi les
investisseurs institutionnels est d’autant plus important que le pays a un
système de retraite par capitalisation (pays anglo-saxons notamment). En
revanche, dans les pays où prédomine la retraite par répartition, les fonds de
pension ont encore un poids faible. Mais la nécessité d’effectuer un lissage inter
temporel du contre-choc démographique qui deviendra particulièrement aigu à
partir de 2010 favorisera la promotion en Europe et ailleurs de régimes de
retraite par capitalisation cii complément des régimes par répartition
[Aglietta, 20011. Cette évolution prévisible laisse une marge de progression
considérable aux fonds de pension et autres investisseurs institutionnels dans
tous les pays non anglo-saxons.
Ce mouvement de fond associé
au développement des innovations financières et à la déréglementation de
l’industrie bancaire à partir des années quatre-vingt a profondément affecté
l’activité des banques.