mercredi 11 septembre 2013

Les surcapacités bancaires

De nombreuses branches industrielles ont connu une évolution parallèle à celle que connaît actuellement l’industrie bancaire en passant d’une structuration fondée sur des oligopoles nationaux ou régionaux à une globalisation de leur activité tant en termes de marché que de production. Or ce passage qui traduit une modification profonde des conditions de fonctionnement du marché s’accompagne souvent d’une phase de surcapacité. Ce diagnostic est-il pertinent pour le secteur bancaire ?
Les causes

Un système bancaire très réglementé en atténuant la concurrence, par les prix favorise d’autres formes de concurrence, notamment une concurrence spatiale. Or si l’on applique à l’industrie bancaire les résultats de la théorie de la concurrence monopolistique à différenciation horizontale, on comprend les ressorts du surdimensionnement des réseaux bancaires aujourd’hui constaté. Dans le modèle de l’économie circulaire généralement utilisé pour visualiser ce type de concurrence, les banques choisissent la taille de leur réseau et l’emplacement de leurs agences. Les clients choisissent leur banque non seulement en fonction des conditions de prix (taux débiteurs et créditeurs) mais également en fonction de la proximité de l’agence. En fait, les guichets bancaires se trouvent en situation de monopole local vis-à-vis des clients proches spatialement et la concurrence par les prix vise à capter la clientèle intermédiaire entre deux agences. Un résultat classique de ce type de modèle est que la libre concurrence conduit à un surnombre d’agences par rapport à l’optimum social. La réglementation, notamment celle limitant la rémunération des dépôts qui permet aux banques de disposer de ressources quasi gratuites, accentue cette tendance au surinvestissement en infrastructures bancaires [Chiappori, Perez-Castrillo et Verdier, 19921. La déréglementation, en renforçant la concurrence par les prix, a donc mis en évidence l’existence de capacités de production excédentaires. Le surdimensionnement des réseaux caractérise une situation où l’augmentation du nombre d’agences, plutôt que d’accroître l’activité de l’ensemble des guichets, réduit l’activité moyenne par guichet.


Dans toute industrie, la surcapacité désigne des conditions de marché dans lesquelles des économies d’échelle inexploitées persistent et où les coûts sont donc décroissants de manière statique, c’est-à-dire indépendamment du processus d’innovations. Dans le cas du secteur bancaire, un critère spécifique de surcapacité peut conforter le diagnostic. En effet, les combinaisons productives étant dans cette industrie des combinaisons d’actifs risqués, l’excès de risque constitue un critère de surcapacité. 

Dès lors que le maintien ou l’accroissement du volume des crédits s’accompagne d’une augmentation du risque à niveau de rentabilité donné, ou d’une baisse de rentabilité à niveau de risque inchangé, il y a présomption de surcapacité [Dietsch, 19931. Bien que le diagnostic sur l’existence de surcapacités dans l’industrie bancaire depuis la fin des années quatrevingt, notamment en Europe continentale, fasse l’objet d’un assez large consensus, ce constat doit être affiné selon les types d’activité bancaire. En effet, ce sont surtout les fonctions traditionnelles d’intermédiation bancaire (collecte de dépôts et octroi de crédit) qui sont affectées par des surcapacités pesant sur leurs marges unitaires. Ce ciblage des excès de capacités de production dans la banque s’explique aisément par la forte contraction de la demande de produits bancaires traditionnels (crédits et produits d’épargne) qui a accompagné la libéralisation financière.
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