L’intermédiation bancaire
traditionnelle a été mise à mal tant du côté de la collecte de dépôts que de
l’octroi de crédits. Les États-Unis ont été précurseurs de ce double mouvement
d’atteinte à l’intermédiation bancaire traditionnelle, mais le reste du monde a
ultérieurement connu le même phénomène. Les innovations financières et la
déréglementation ont partout créé des alternatives attractives s’offrant aux
déposants et aux emprunteurs. Jusqu’au début des années quatre-vingt, les
dépôts constituaient une ressource bon marché pour les banques dans la plupart
des pays. Les taux rémunérant ces dépôts étaient généralement plafonnés et les
dépôts à vue non rémunérés. La hausse de l’inflation dans les années
soixante-dix et l’augmentation corrélative des taux d’intérêt rendirent les
épargnants plus sensibles aux différentiels de taux de rendement des différents
actifs. Ainsi s’amorça un mouvement de conversion des dépôts bancaires
faiblement rémunérateurs en actifs à plus fort rendement comme les SICAV ou FCP
dans le cas français. De plus, l’existence de réglementations sur les taux
bancaires créditeurs créait une opportunité pour les intermédiaires financiers
non bancaires d’inventer, à l’abri d’une réaction des banques, de nouveaux
produits financiers combinant liquidité et rendement. Aux États-Unis,
l’innovation majeure en ce domaine fut la création des money market mutual funds
dont les parts sont des substituts à la monnaie de transaction alors que leur
rendement est proche de celui du marché monétaire. Le principe est le suivant
un fonds du marché monétaire investit en titres de créances négociables et
propose à ses clients des parts de très faible montant. Les détenteurs de ces
parts peuvent les vendre en émettant des chèques et ainsi les utiliser comme
moyen de paiement si le vendeur l’accepte. Parallèlement à cette perte de leur
pouvoir de monopole sur les déposants, les banques durent faire face à un
accroissement de la concurrence du côté de leur actif. En effet, la recherche
du rendement par les épargnants et le développement corrélatif de l’épargne
contractuelle aux dépens des dépôts bancaires ont non seulement accru la
concurrence entre banques et non-banques du côté de leur passif mais également
dopé le développement des marchés financiers. En réaction, les entreprises se
sont massivement tournées vers des financements de marché devenus moins coûteux
que les financements intermédiés. L'augmentation du taux «autofinancement des
entreprises couplée aux possibilités nouvelles d’émission de titres — billets
de trésorerie (titres du marché monétaire émis par les entreprises non
financières), obligations et autres effets à moyen et long terme tant sur les
marchés nationaux qu’internationaux — a réduit la dépendance au financement
bancaire des meilleurs clients des banques, les grandes entreprises.
En résumé, dans la plupart
des pays ces mutations ont eu pour conséquence sur les bilans bancaires d’une
part, une réduction de la part des dépôts dans le passif et une augmentation
corrélative de la part des fonds empruntés et, d’autre part, une
mobiliérisation de l’actif bancaire,
c’est-à-dire un accroissement de la part des titres.