vendredi 6 septembre 2013

Les exemples bancaires américain et français

Les États-Unis ont été des précurseurs en matière de restructuration des bilans bancaires [Edwards et Mishkin, 1995; Mishkin, 19961. L’importance des banques commerciales comme source de financement des emprunteurs non financiers a fortement décru. En 1974, les banques fournissaient 35 % de ces financements, en 1995, elles n’en assuraient plus que 22 %. La part des actifs gérés par les banques dans le total des actifs gérés par l’ensemble des intermédiaires financiers constitue une autre façon de percevoir le déclin de l’intermédiation bancaire traditionnelle. Cette part est tombée de 38 % sur la période 1960-1980 à 28 % en 1995. Le passif des banques américaines a également subi des mutations considérables. Ainsi, les dépôts mobilisables par chèque représentaient 60 % du passif bancaire en 1960, ils sont tombés à moins de 20 % en 1994, 18 % en 2001. Le déclin de l’intermédiation bancaire traditionnelle aux États-Unis a provoqué une forte baisse de profitabilité qui a entraîné une concentration du secteur bancaire et, en réaction, une réorientation de l’activité des banques vers des prêts plus risqués et vers les activités hors bilan. Cet engagement massif dans les activités hors bilan se reflète dans l’accroissement de la part des revenus issus de ces activités (commissions et revenus de négoce) dans le total du revenu des banques. Cette part est passée d’une moyenne de 19 % sur la période 1960-1980 à 43 % du produit net bancaire en 1999.
Si les États-Unis ont amorcé le mouvement de restructuration des bilans bancaires, les autres pays industriels ont connu un phénomène comparable. Ainsi en est-il des banques françaises.
La transformation, en vingt ans, de la structure de bilan des grandes banques commerciales françaises est évidente. On observe une simultanéité entre le réaménagement de l’actif, décrue de la part des crédits à la clientèle et accroissement du portefeuille de titres, et celui du passif, baisse de la part des dépôts de la clientèle et augmentation des obligations et titres négociables. Cette mobiliérisation du bilan des banques françaises signifie, d’une part, qu’une proportion croissante des financements quelles accordent passe par l'acquisition de titres émis par les agents à besoin de financement plutôt que par l’octroi de crédits; et, d’autre part, qu’elles drainent une part croissante de leurs ressources en émettant des titres. Dans le même temps, les conditions de taux d’intérêt débiteurs (sur les crédits) et créditeurs (sur la collecte de ressources) sont devenues de plus en plus dépendantes des conditions de marché. Cette conséquence induite de l’accroissement de la concurrence dans la finance associée à la déformation de la structure de bilan des banques pèse sur la marge d’intermédiation bancaire. En réaction, les banques ont fortement accru leurs revenus hors marge d’intermédiation, c’est-à-dire les revenus liés aux opérations sur titres et aux commissions engendrées par les opérations de marché, notamment sur dérivés. Le produit net bancaire représente une forme de valeur ajoutée propre au monde bancaire. Sa décomposition en revenus liés à l’intermédiation bancaire traditionnelle (intérêts reçus moins intérêts versés) et revenus divers, c’est-à-dire hors marge d’intermédiation, permet d’appréhender la montée en puissance des opérations de marchés dans l’activité des banques.


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