La réaction des banques à
cette érosion de leur fonction traditionnelle d’intermédiation fut double d’une
part, elles tentèrent de maintenir leurs activités de prêts en s’engageant sur
des types de crédits plus risqués et, d’autre part, elles développèrent
fortement leurs activités de marché, notamment au hors-bilan, les activités sur
produits dérivés. L’accroissement de la part des prêts à l’immobilier dans le
total des prêts bancaires illustre cette dégradation de la qualité des
emprunteurs qui a fragilisé nombre de systèmes bancaires (États-Unis, France,
Japon, Norvège, Suède, Finlande, etc.). Plus fondamentalement, les banques se
sont massivement engagées dans des activités de marché et ont ainsi activement
participé au brouillage des frontières entre elles et les autres intermédiaires
financiers. Avec ce redéploiement de leurs activités hors du coeur de leur
métier traditionnel, les banques sont apparues porteuses de nouveaux risques,
étrangers à ceux qu’elles avaient l’habitude de gérer, les risques de marché.
Cette réorientation de l’activité des banques, loin de sonner le glas de la
fonction bancaire de fourniture de liquidité, l’élargit. En effet, le bon
fonctionnement de systèmes financiers fondés sur les marchés repose sur
l’organisation efficace de la négociabilité des actifs et donc sur la liquidité
des marchés. Celle-ci est conditionnée par l’existence d’intermédiaires de
marché ayant une assise financière leur permettant de se porter contrepartie les
teneurs de marchés. Les banques, du fait de la mobiliérisation de leur bilan et
de leur accès privilégié à la monnaie centrale, peuvent disposer d’un statut
tout à fait privilégié parmi les faiseurs de marché. Elles contribuent à la
liquidité du marché en période normale et sont un rouage essentiel de l’apport
de liquidité par la banque centrale en cas d’effondrement de marché. La crise
boursière de 1987 ou l’effondrement du marché obligataire en 1994 témoignent de
cette possibilité d’une disparition de la liquidité sur les marchés. Quand un
tel mouvement vendeur à sens unique se déclare, dans un contexte d’incertitude
où aucun opérateur ne peut déterminer le seuil à partir duquel le marché va se
récupérer, seul un apport de liquidité par les banques centrales peut
stabiliser le marché. L’injection de liquidité par les autorités monétaires
permet de renouveler les crédits qui ont financé les positions et, ce faisant,
constitue un signal de prix planché. Les banques sont des courroies de
transmission tout à fait privilégiées dans ce type de soutien au marché.