La conception de la
concurrence véhiculée par la théorie néoclassique a fortement altéré le contenu
du concept forgé par Adam Smith. Celui-ci appréhendait la concurrence comme un
processus dynamique, comme un comportement dicté par la rivalité économique. La
concurrence ne se rattachait pas à une forme particulière de marché. Le modèle
de concurrence parfaite, en gommant les mécanismes d’émulation et de lutte
économique entre les firmes, non seulement rompt la filiation avec Smith mais,
plus grave, occulte les processus constitutifs de la dynamique d’évolution du
capitalisme. Cette conception réductrice de la concurrence est porteuse d’une
vision quasi manichéenne des formes de marché où le nombre d’offreurs constitue
un critère discriminant permettant de juger la proximité à la norme
concurrentielle. Nombre d’auteurs ont tenté de rompre avec cette vision
désincarnée de la concurrence. Parmi les plus illustres on peut citer : Chamberlin
et sa théorie de la concurrence monopolistique, Schumpeter pour qui la
concurrence est au cœur du processus de destruction créatrice qui guide
l’évolution du capitalisme et, enfin, Hayek qui conçoit la concurrence comme
une procédure de découverte qui assure la promotion du progrès technique et
l’amélioration de la situation des consommateurs. Plus récemment, la théorie
des marchés contestables a renoué avec l’idée que la concurrence a partie liée
avec la rivalité, même potentielle, des firmes.