Le concept de contestabilité
[Baumol, Panzar et Willig, 1982j signifie que la pression concurrentielle peut
être exercée aussi bien par l’éventualité de l’entrée de nouveaux offreurs sur
le marché que par les producteurs rivaux déjà en place. Cette définition
dissocie le concept de concurrence d’une forme particulière de marché.
Une
contestabilité même parfaite est compatible avec l’existence d’économies
d’échelle et donc avec des formes oligopolistiques de marché dès lors que la
menace de nouveaux entrants potentiels incite à la discipline de marché. En
d’autres termes, sur un marché contestable, quel que soit le nombre de firmes
installées, la concurrence potentielle discipline le marché et contraint les
firmes à délaisser les pratiques anticoncurrentielles en matière de fixation de
prix ou de production. Ainsi, cette nouvelle théorie de la concurrence remet en
cause le lien automatique entre concentration et pouvoir de monopole.
Un marché est parfaitement
contestable s’il est possible d’y entrer et d’en sortir sans supporter de coût.
Un marché contestable ne supporte donc ni barrières à l’entrée ni coûts
irrécupérables (sunk costs) à la sortie. La liberté de sortie, concept
longtemps peu étudié par les économistes, apparaît comme l’apport fondamental
de la théorie de la contestabilité des marchés. Elle est la contrepartie de la
gratuité d’entrée. En effet, si une entreprise peut quitter une industrie sans
supporter de perte sur les capitaux qu’elle y a investis, sa décision d’y
entrer ne lui coûtera rien. En revanche, si une part de son investissement est
irrécupérable et que sa sortie implique donc une perte sur la valeur de ces
actifs, la décision d’entrer sur le marché entraîne nécessairement un coût.
Celui-ci prend la forme d’un risque supérieur à celui que supporte une firme
déjà installée et constitue par là même une barrière à l’entrée.