On oppose souvent finance directe et
finance indirecte. La finance directe désigne les configurations où
l'endettement contracté par les emprunteurs ultimes l'est
directement auprès des prêteurs ultimes. En d'autres termes, il y a finance
directe quand un agent à capacité de financement acquiert directement une
obligation o un billet de trésorerie émis par une entreprise ayant un besoin de
financement. On parle au contraire de finance indirecte quand l'ajustement
entre l'offre et la demande de financement nécessite l'intervention d'un intermédiaire
financier. Cette distinction ne recouvre pas le clivage entre financement par
émission de titres et financement par crédit bancaire. En effet, la finance
aujourd'hui se caractérise par un montée en puissance considérable du
financement de marché, qui s'effectue par émission de titres, alors même que la
finance directe est de plus en plus marginale. La finance reste donc toujours très
largement intermédiaire mais c'est la forme de l'intermédiation qui a connu une
nutation considérable.
La finance bancaire traditionnelle, c'est-à-dire centrée
sur la collecte des dépôts et l'octroi de crédits, tend à décliner alors que l'intermédiation de
marché, qui s'articule sur la mise en commun de l'épargne et une gestion active
et diversifiée de portefeuille, se développe fortement. Or les investisseurs
institutionnels qui regroupent les organismes de placement collectif, les
compagnies d'assurance et les fonds de pension sont les intermédiaires
financiers qui développent le plus activement la gestion collective de portefeuille.
Ils sont au cœur de la logique d'intermédiation de marché qui s'impose avec la
globalisation financière. En conséquence, les banques sont soumises à une forte
contrainte d'adaptation à cette forme de finance indirecte qui se traduit par
une transformation importante de leurs activités.
Avant de nous intéresser à la modification
du poids respectif de ces deux formes d'intermédiation et aux conséquences
induites sur l'activité des banques, nous présentons la théorie de
l'intermédiation financière et bancaire, et les fondements de la spécificité
des banques.