Quelles sont les spécificités des
spécificités des banques nécessitant qu'elles soient plus réglementées que
d'autres firmes? Pourquoi la libéralisation financière et l'accroissement
corrélatif de la concurrence dans le secteur bancaire se sont-ils accompagnés
d'une "épidémie" de crises bancaires se sont-ils accompagnés d'une
laisser les banques faire faillite? Pourquoi la mauvaise santé des banques
est-elle au cœur de l'enlisement du japon dans une crise qui a duré plus de dix
ans? Toutes ces questions sont âprement discutées par les économistes, qu'ils
soient académiques ou patriciens. L'économie bancaire fait en effet partie de ce
top rare champs d'analyse économique où ces deux catégories d'économistes ne
peuvent s'ignorer.
Alors que la théérie économique
dominante se focalisait traditionnellement sur l'économie réelle, considérant
tant la monnaie que l'intermédiation financière comme inessentielles, la
période récente est marquée par un foisonnement de travaux infléchissant cette
tendance. On assiste en effet depuis les années quatre-vingt à un fort renouvellement
des recherches en économie bancaire. Ce regain d'intérêt est multiforme. Il
concerne particulièrement la microéconomie bancaire, l'économie industrielle
appliquée à la banque, le rôle des banques dans la croissance, dans la transmission
de la politique monétaire et la question de réglementation bancaire. Par un
apparent paradoxe, c'est dans une période où la montée des marchés financiers
est souvent présentée comme un recul de la banque, où la déréglementation de
l'industrie bancaire atténue la spécificité des banques par rapport aux autres
intermédiaires financiers et où les systèmes bancaires nationaux apparaissent
fragilisés que l'économie bancaire se révèle particulièrement active et
influente.
La description succincte de l'industrie
bancaire à la fin des années soixante-dix est un bon moyen d'appréhender
l'ampleur des mutations ayant affecté ce secteur dans la plupart des pays, la
volonté de limiter les risques d'instabilité financière (au détriment de la
concurrence) justifiait alors des restrictions significatives sur l'activité
et/ou la localisation géographique des banques, souvent assorties de plafonds
sur les taux créditeurs. Ces contraintes s'accompagnaient fréquemment d'une
tolérance des pouvoirs publics sur les accords de cartels entre banques. Ces
dispositions dataient souvent de l'entre-deux guerres et avaient été imposées
en réponse à l’épisode d'instabilité financière de l'époque. Le Glass Steagall
Act de 1933, séparant les banques commerciales et les banques d'affaires aux
Etats-Unis, en est un exemple symptomatique. à la même époque, la mise en œuvre
de la politique monétaire se conformait à une conception interventionniste.
Celle-ci prenait la forme de contraintes quantitatives sur l'allocation des
crédits encadrement du crédit) et de contrôles des taux d'intérêt débiteurs. à
cela s'ajoutaient des restrictions sur les transactions financières
internationales. Le Canada, l’Allemagne et les Etats-Unis furent les
principales exceptions à cette conception de la politique monétaire.
L'industrie bancaire présente
aujourd'hui un visage radicalement différent. Cette mutation s'explique par
trois facteurs essentiels. Tout d'abord, les innovations majeures dans le
domaine du traitement et de la circulation de l'information ont été un vecteur
puissant d'évolution des métiers bancaires. Deuxièmement, la déréglementation
et le développement corrélatif des marchés financiers ont fortement conditionné
la transformation de l'activité des banques. Enfin, la globalisation financière
a poussé à l'internationalisation des banques. L'ensemble de ces facteurs doit
s'interpréter comme un accroissement de la concurrence dans le secteur
bancaire.