mardi 27 août 2013

Pourquoi les banques?

Une banque est un intermédiaire financier spécifique. Elle est un intermédiaire financier dans la mesure où sa fonction traditionnelle est d'octroyer des crédits et de collecter des dépôts. Elle prête à moyen-long terme et emprunte à court terme. Mais sa spécificité tient à son pouvoir de création monétaire. L'octroi de crédit par une banque ne se fait pas sur la base de ressources préexistantes. La banque ne se contente pas de transformer les caractéristiques d'une épargne. Elle crée par le crédit bancaire un dépôt bancaire au bénéfice de l'emprunteur.

Au niveau macroéconomique, le pouvoir de création monétaire du système bancaire lève une contrainte majeure sur l'accumulation du capital: le financement des projets nouveaux d'investissement n'est plus assujetti à l'épargne formée au cours de la période. Les banques ne se contentent pas recycler des ressources qu'elles ont préalablement collectées. Elles prêtent des sommes qui viendront ensuite se déposer dans leurs comptes. Les banques font ainsi des paris sur des projets industriels, elles anticipent sur des profits à venir. Ces paris sont fondés sur une évaluation de la qualité spécifique des projets. Cette estimation est multidimensionnelle. Le risque de non-remboursement d'un crédit bancaire repose sur des paramètres non maîtrisables par l'emprunteur, comme l'état de la conjoncture présente  et future, mais également sur les qualités intrinsèques du projet qui souvent ne sont pas quantifiables et sur la solvabilité présente et à venir de l'emprunteur lui-même. La collecte des informations sur l'ensemble de ces paramètres est coûteuse pour l'intermédiaire financier. Celui-ci dispose d'informations externes directement fournies par le demandeur de fonds qui dispose toujours d'un avantage informationnel sur sa propre situation par rapport au prêteur. L'émergence des institutions financières peut alors être présentée comme le fruit de leur capacité supérieure à celle du marché à réduire ces asymétries d'information. Parmi les intermédiaires financiers, les banques disposent d'un avantage adirent à leurs clients et qui est source de recoupement d'information. En particulier, leur fonction de tenue des comptes et de gestion des moyens de paiement représente un élément d'appréciation fondamental de la qualité spécifique de l'emprunteur. Les relations bilatérales que la banque entretient dans la durée avec ses clients lui assurent donc la production d'un savoir idiosyncratique [Guille, 1994]. Le passé de la relation de crédit bancaire, les mouvements et soldes des différents comptes que la banque gére, les éventuels accidents de paiements constituent autant d'informations internes à la banques par rapport au marché quant à la connaissance de la qualité des emprunteurs repose, d'une part, sur les données objectives que nous venons d'évoquer, informations que seules les banques détiennent, et, d'autre part, sur une appréciation subjective aux relations de confiance qui ont pu se nouer au cours du temps entre la banque et son client. L'information acquise par les banques sur les débiteurs est donc privative alors que l'information que véhiculent les marchés financiers est collective au sens d'accessible à tous. à cet égard, la distinction entre actifs négociables et non négociables correspond au degré auquel l'information exigée pour vérifier et contrôler la valeur de l'investissement est publiquement offerte par l'emprunteur [Goodhart,1988]. Les actifs négociables sont ceux pour lesquels l'emprunteur offre la masse d'informations exigées par les investisseurs, tandis que, pour les actifs non négociables, le prêteur rassemble davantage d'informations. Les banques apparaissent donc comme des intermédiaires financiers spécialisés dans l'octroi de prêts à fort contenu informatif. L'imparfaite négociabilité de l'actif bancaire qui en résulte combinée à l'émission de dettes remboursables au pair, à vue ou à court terme (les dépôts), rend les banques particulièrement vulnérables aux chocs de liquidité [Diamond et Dybvig,1983]. Cette spécificité de bilan constitue, selon Goodhart, la différence fondamentale entre les banques et les autres intermédiaires financiers déterminent largement le type de dette qu'ils peuvent offrir: dette à valeur nominale fixe dans le cas des banques, à valeur de marché dans le cas des fonds d'investissement collectif.


La reconnaissance par le marché de cette supériorité du savoir bancaire explique que l'obtention d'un prêt bancaire auprès d'une banque réputée constitue pour le marché un signal fort quant à la robustesse financière de l'entreprise. Cet effet de réputation peut se refléter dans l'accroissement du cours des titres des firmes qui annoncent la signature d'un contrat de prêt et même dans leur accés au marché boursier. La supériorité du savoir bancaire ne signifie pas pour autant l'élimination des asymétries d'information entre le débiteur et la banque. Tout d'abord, un asymétrie d'information irréductible persiste entre la banque et l'emprunteur sur la situation de celui-ci et sur la qualité du projet financé. Cette asymétrie d'information ex ante ou "information cachée" est inhérente aux marchés où s'échangent des produits dont la qualité est mieux connue par vendeur que par l'acheteur.
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